Il y a quelques années, j’ai participé à un concours d’écriture. Il y avait 10 mots donnés, et avec ces mots il fallait faire un texte libre, avec pas plus de 300 mots. Un jury choisirait les 50 meilleurs textes et ils seraient affichés dans les bibliothèques et médiathèques de la région. J’ai eu la chance que mon texte fasse parti de ceux qui ont été sélectionnés.
Voici les mots : ancien, cadeau, détresse, enfant, fil, jamais, nouvelle, ouaté, seuls, visage.
Et voici mon texte :
LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT
Une aube
nouvelle caressait l’horizon. Les couleurs embrasaient harmonieusement la plage déserte.
Le vieil homme pourtant, le regard perdu, ne percevait pas cette beauté. Il était seul, sans aucune cordée à laquelle se raccrocher, il n’attendait plus rien, sinon peut être le grand départ. Dans sa
détresse, pourtant, des sanglots pénétrèrent sa carapace. Son regard voilé, découvrit un
enfant prostré sur le sable humide. Il s’approcha lentement, pour ne pas effrayer ce petit être sans défense. S’agenouillant près de lui, il posa sa main parcheminée sur ses épaules. L’enfant, relevant la tête, examina le
visage ridé et marqué par la vie. Leurs yeux, miroirs transparents, se rencontrèrent et se reconnurent. Deux êtres rejetés, solitaires, et sans espoir.
Ils restèrent ainsi, dans un silence
ouaté. Semblant sortir d’une rêverie le vieil homme se releva et tendit la main à l’enfant. Sans hésitation, ce gamin oublié mis sa petite menotte dans celle de l’
ancien. Qu’il était émouvant de les voir marcher, tous deux, sur ce rivage sauvage ! La vie ne les avait pas épargnés, leur âme égratignée le resterait à tout
jamais. Pourtant, en ce jour naissant, quelque chose semblait prendre forme. Un sentiment encore indéfini, un
fil ténu, les raccordaient à la vie. L’océan, accueillant le soleil dans ses eaux transparentes, reçut comme un
cadeau, deux paires d’yeux qui revivaient. Les couleurs de l’aurore entonnèrent un chœur pour eux, avant de monter au firmament.
Le vieil homme et l’enfant n’étaient plus
seuls désormais. La solitude ne serait plus une bête tapie dans leur cœur, elle ne rongerait plus leur conscience ! Un peu d’espérance renaissait dans leur corps meurtris. Ils auraient encore faim, froid, peur, mais ils seraient deux !