POUMONS : LA LISTE DES PRODUITS DANGEREUX À LA MAISON QU’IL FAUT JETER !
Avec les 15 000 litres d’air que l'on respire chaque jour, autant dire que les poumons sont vulnérables aux agressions, à l’extérieur comme à l’intérieur. Plusieurs produits ménagers ou cosmétiques que l’on inhale quotidiennement peuvent déclencher ou aggraver des maladies respiratoires.
Voici la liste de ceux à bannir avec les docteurs Armine Izadifar et Philippe Camus, pneumologues.
L’eau de Javel "extrêmement irritante"
L’eau de Javel est un produit détergent que l’on apprécie particulièrement pour son côté multifonction. Il désinfecte les sols, permet de redonner de l’éclat à un vêtement blanc ou encore élimine les moisissures sur les murs. Pourtant, selon le docteur Armine Izadifar, pneumologue, s’il y a bien un produit ménager à bannir, c’est celui-ci : "Il dégage des composés organiques volatils [COV ; des polluants atmosphériques potentiellement cancérigènes] et est extrêmement irritant pour les voies respiratoires", explique-t-il.
Tellement irritant qu’une étude présentée au congrès de la Société Européenne de Pneumologie en 2017 affirme qu’une utilisation régulière d’eau de Javel augmente de 24 à 32% les risques de développer la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), maladie inflammatoire des bronches. A part une utilisation pour le nettoyage des toilettes, il ne faut vraiment pas l’utiliser pour l’entretien de la maison", avertit donc le Dr Izadifar.
Encens, bougies parfumées, désodorisants : ils "diminuent la fonction respiratoire"
A la maison, on aime quand ça sent bon. Alors on ne lésine pas sur les moyens : bâtons d’encens, bougies parfumées, désodorisants… tout y passe. Mais là encore, le Dr Izadifar prévient : "On déconseille fortement l’utilisation de ces produits aux patients asthmatiques et à ceux souffrant de pathologies respiratoires, car ils ont tous montré une diminution de la fonction respiratoire."
Et si les risques sur les individus sains ne sont pas bien connus, une étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en juillet 2017 a révélé que l’encens et les bougies libèrent, lors de la combustion, des gaz et des particules potentiellement toxiques comme le benzène et le formaldéhyde, des COV classés cancérigènes par le Centre International de Recherche sur le Cancer. Quant aux désodorisants et autres sprays assainissant, gare à l’arnaque : ils vantent l’utilisation d’huiles essentielles et donc de produits naturels et sans danger dans leur composition mais selon le magazine 60 Millions de consommateurs, ils contiennent en réalité "des substances allergènes, irritantes, voire toxiques" pour le consommateur
Les produits sous forme de spray : à bannir !
Insecticides, déodorants, laques pour cheveux, sprays pour faire briller la surface des meubles… C’est simple : tous les produits qui se présentent sous forme de bombe aérosol sont à éviter, et ce pour plusieurs raisons.
• Le contenant pose problème : d’après l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) suisse, les plus petites particules émises par les sprays aérosols peuvent être "facilement inhalées et ainsi pénétrer profondément dans les poumons. […] Certaines substances chimiques qui pénètrent dans les poumons peuvent irriter le tissu pulmonaire ou déclencher des crises d’asthme pour les personnes déjà asthmatiques.
• Leur composition est moins bien contrôlée selon le docteur Camus, pneumologue ; ces produits étant plus considérés comme des gadgets que des produits d’entretien fondamentalement utiles. "L’utilisation d’aérosols, quelle que soit leur fonction, a entrainé plusieurs cas de syndrome pulmonaire aigu", affirme-t-il.
• "Leur surveillance est beaucoup moins stricte que celle des médicaments par exemple, alors quand ils sont mis sur le marché et qu’il y a quelque chose de toxique dedans, ça peut provoquer des épidémies de désordres respiratoires, de crises d’asthme et même de décès."
A noter : les sprays imperméabilisants sont particulièrement redoutables. Une mauvaise utilisation de ceux-ci peut provoquer "des œdèmes du poumon et une insuffisance respiratoire très sévère", alerte le Dr Camus.
Attention aux lessives parfumées
Lessive senteur "fleurs des tropiques", désinfectant multi-usage "odeur eucalyptus", nettoyant sols "parfum pin"… Quand il s’agit du nettoyage, les marques nous invitent à un véritable voyage sensoriel. Au grand dam de nos voies respiratoires. En effet, nombreux sont les produits ménagers (mais également cosmétiques) à contenir des parfums allergisants, qu’ils soient synthétiques ou naturels. Officiellement, on compte 26 fragrances allergènes, parmi lesquelles figurent le linalool, le citronellol ou encore le limonène.
C’est l’usage régulier d’un produit qui favorise "les risques allergiques" en sensibilisant petit à petit l’individu, explique le Dr Camus : "Une personne peut devenir allergique parce que la fragrance a fait une sorte de préparation du terrain."
L’ammoniaque comporte "des risques quand l’exposition est importante"
Dans les produits lave-vitre, pour nettoyer son matelas… L’efficacité de l’ammoniaque est aussi grande que son odeur est forte. Tout comme sa toxicité "lorsque l’exposition est importante", rappelle le Dr Camus. Comme l’explique le Centre antipoison belge, "l’inhalation d’ammoniac [gaz de l’ammoniaque] irrite les muqueuses des voies respiratoires et peut entrainer des symptômes allant d’une irritation modérée (éternuement, toux) à une détresse respiratoire". Quant aux patients asthmatiques, une brève exposition peut suffire à déclencher une crise.
WC : éviter l'acide chlorhydrique
Les produits d’entretien des toilettes, notamment les gels détartrants, pourraient être beaucoup plus nocifs qu’ils en ont l’air. Le magazine 60 Millions de consommateurs a dressé la liste des molécules dangereuses que l’on peut retrouver dans leur composition. Parmi elles, l’acide chlorhydrique : "[inhaler ses vapeurs a] un effet toxique rapide et potentiellement très grave pour les voies respiratoires."
Des molécules d’autant plus néfastes que l’on peut être tenté de les mélanger avec d’autres détergents pour un nettoyage parfait : par exemple, "un mélange d’acide chlorhydrique et d’eau de Javel dégage du chlore et des substances toxiques", alerte le Dr Camus. Les mélanges de produits chimiques sont donc à éviter de manière générale, "car ils peuvent détonner ou libérer des gaz".
L’acétone : un irritant bronchique aux pouvoirs addictifs
L’acétone est un produit décapant utile pour dissoudre la colle, la peinture ou encore le vernis à ongles. Mais attention : "c’est un irritant bronchique", affirme le Dr Izadifar. L’inhaler régulièrement, c’est donc s’exposer à des risques pour les voies respiratoires. Mais pas seulement : "L’acétone, comme le trichloréthylène par exemple, sont des inhalants qui contiennent des produits aromatiques et donc qui sentent bon, explique le Dr Camus. On peut devenir accro à l’inhalation de ces substances, ce qui peut rapidement aboutir à une intoxication." Sentiments d’euphorie et d’ivresse, vertiges ou encore somnolence sont autant d’effets qui y sont imputés
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Les conseils pour respirer un air sain à la maison
Dans tous les cas, des mesures simples peuvent être appliquées pour "avoir une qualité d’air intérieur satisfaisante" et ainsi limiter les risques.
• Côté produits ménagers, ils peuvent tous être remplacés par du vinaigre blanc, du bicarbonate de soude et du savon noir, du savon de Marseille, plus naturels et tout aussi efficaces.
• Si l’on ne se sent pas encore prêt à bannir ceux précédemment cités, il est primordial de respecter quelques précautions d’emploi : "Aérer beaucoup au moment du nettoyage, ne pas rester à proximité du produit et porter un masque", explique le Dr Izadifar.
• Les étiquettes doivent être scrutées attentivement, afin d’identifier les symboles de danger et les ingrédients potentiellement problématiques.
• Par ailleurs, le pneumologue conseille "d’aérer son habitat pendant au moins 15 minutes le matin, car c’est à ce moment de la journée que les particules fines sont au plus bas".
• "La température intérieure doit se situer en dessous de 19°C car au-delà l’habitat est surchauffé, ce qui favorise le développement de moisissures et d’acariens." Ces derniers sont d’ailleurs friands des endroits insalubres, d’où l’importance de nettoyer sa maison correctement : selon l’European Lung Foundation (ELF), "les moisissures sont une source d’allergènes et peuvent accroitre le risque de pathologies liées à l’asthme de 30 à 50%" mais aussi provoquer "un essoufflement, des infections pulmonaires, une bronchite et un écoulement nasal.
Pollution de l’air intérieur : les patients asthmatiques ne sont pas les seuls concernés
On parle beaucoup de pollution extérieure, et à juste titre, mais la pollution intérieure est très importante", souligne le Dr Izadifar. Si l’on sait que cette dernière est particulièrement préoccupante pour les personnes asthmatiques ou souffrant de pathologies respiratoires chroniques puisqu’elle peut aggraver leur état, le pneumologue concède que l’on dispose aujourd’hui d’un "niveau de preuve scientifique faible" concernant son impact à long terme sur les individus en bonne santé. "On ne peut pas dire que cela puisse induire des maladies respiratoires chez les personnes qui en sont indemnes. Toutefois, une étude norvégienne parue en 2018 a montré que celles – et surtout les femmes – qui s’occupent du ménage, que ce soit dans le cadre de leur travail ou à la maison, avaient une fonction respiratoire légèrement plus basse que des témoins qui n’avaient pas ce temps d’exposition aux produits détergents..